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光の音色 – THE BACK HORN film –
(Hikari no neiro) (le son de la lumière)

Discussion avec THE BACK HORN et le réalisateur Kumakiri Kazuyoshi sur l’invention d'un type de film qui n'existait pas jusqu'à présent. Texte et interview : Kaneko Atsubu.

(28.10.2014) ( source ).

Quelque part dans le monde, un vieux couple mène une existence solitaire. De manière inattendue, la femme précède l'homme dans la mort. Cependant, il se sent incapable d'enterrer son cadavre...

Au milieu de cette histoire, dans laquelle flotte une perspective de fin du monde, sont insérés des passages intenses de THE BACK HORN en live (NdT : mais pas en public). Avec cette approche originale, la construction du film renouvelle les relations entre images et musique et c'est une œuvre qui propose au spectateur une expérience inédite.
C'est Kumakiri Kazuyoshi, gagnant cette année du prix du meilleur film au 36ème Festival International du Film de Moscou avec « My Man », qui s'est chargé de la mise en scène de ce projet. Il s'agit de la première collaboration entre le groupe et Kumakiri, mais les œuvres de chacun ont en commun un regard vif porté sur la fragilité des hommes. Et c'est précisément cette recherche d'humanité de part et d'autre qui laisse à penser que cette collaboration était inévitable.

Nous avons parlé ensemble, sans nous presser, du caractère atypique des scènes de musique, de la série d'incidents qui ont eu lieu sur le tournage, en Russie, de ce qui se cache derrière ces deux processus créatifs, et également des thèmes qui émergent du film.

― Pour commencer notre discussion sur ce film, je me demande ce qui en a été le point de départ ?

Matsuda Shinji : le producteur du film, qui nous a dit avec une envie enthousiaste « je veux faire un film sur la musique ! ». Il connaissait bien le son de THE BACK HORN et nous avait souvent vu jouer en live. C'est lui qui a lancé cette histoire. Mais écouter de la musique dans une salle de cinéma demande de gros efforts, alors plutôt que de faire un documentaire classique avec des extraits de concerts, il avait cette volonté encore vague de « faire quelque chose de nouveau ». Et de notre côté on trouvait agréable cette perspective de pouvoir ouvrir de nouvelles possibilités.

― L'histoire et les performances du groupe sont entrelacées, ce n'est pas comme dans un film musical classique.

Matsuda Shinji : Oui. Et nous avons pensé que si quelque chose de nouveau pouvait naître ce serait en partant de là où on en est aujourd'hui, plutôt qu'en faisant une rétrospective sur le passé du groupe.

― Je crois que c'est vous qui avez souhaité que ce soit Kumakiri-san qui réalise le film ?

Matsuda Shinji : parmi les différentes idées qui nous sont venues à l'esprit, le nom du réalisateur Kumakiri s'est imposé. A vrai dire, à l'époque de nos débuts en major on lui avait déjà fait une offre pour réaliser un de nos clips, qu'il souhaitait d'ailleurs accepter, mais pour des questions de timing ça n'avait pas pu se faire. Du coup cette fois-ci, quand on s'est penché sur le travail de divers réalisateurs, on a pensé « s'il s'agit de créer une œuvre vidéo nouvelle, c'est Kumakiri qui doit mettre en scène ».

― Quel genre de choses vous attiraient dans son travail ?

Suganami Eijun : je trouvais qu'il savait bien mettre en image le paysage de l'âme. Je veux dire, on a l'impression que même les sentiments des gens apparaissent dans ses images, d'un grand réalisme. Depuis longtemps, notre groupe lui aussi met en musique ces « choses qu'on ne voit pas », et j'ai pensé que Kumakiri était bien placé pour insérer comme il faut ce genre de feeling dans un film. Et d'ailleurs ce film aussi est comme un paysage mental, non ? Il y a une réalité piquante, transmise par les images, et en même temps des sentiments qui sont dans le cœur et font grand bruit, ce que transmettent nos chansons.

Yamada Masashi : comme dit Eijun, il a une façon de mettre en scène qui mêle réalisme calme et réalisme violent. C'est bien que les deux soient exprimés fortement. Par exemple, quand on voit la promenade du chien avec une vue lointaine, on trouve ça charmant, hein ? Mais quand on est suffisamment près, n'est-ce pas inquiétant ?… Quelle bête ! (rires) Un réalisme brut transparaît dans ses images.

Okamine Kohshu : moi j'avais vu « Kichiku dai enkai » (Le grand banquet des brutes) de Kumakiri en 1998, c'était vraiment très... difficile d'en parler ! (rires) Ça donnait cette impression terrible d'avancer vers le chaos à grand pas. Après en regardant des œuvres plus récentes ce qui m'a frappé c'est le jeu des acteurs, proche du dépouillement – ce qui à mon avis est le plus difficile. Je me réjouissais qu'un réalisateur qui fait ce genre de films accepte de nous filmer en train de jouer.

― En tant que réalisateur, vous aviez déjà travaillé avec un musicien (Jim O'Rourke, pour « Kaitanshi jokei » (Scènes de vie à Kaitan City) sorti en 2010). Êtes-vous un réalisateur grand fan de musique ?

Kumakiri Kazuyoshi : en effet, j'aime beaucoup la musique. Et j'aime aussi ce côté très masculin, presque brutal, qu'on trouve dans THE BACK HORN. Je suis réalisateur depuis 15 ans, mais leur groupe dure depuis plus longtemps encore. J'apprécie leur franchise directe et ce sentiment qu'ils donnent que, chaque fois que quelque chose nous met un coup d'arrêt, on le dépassera si on se bat de toutes ses forces. Avec de telles personnes je suis content de faire un film qui est (contrairement à ce qui se fait d'habitude) basé sur la musique. Ici, on pourrait dire qu'elle se niche au creux des images. J'ai pensé que ce qu'on pourrait créer en travaillant avec cette perspective semblait intéressant et c'est ce que j'ai entrepris de faire.

― Au départ, d'où est née cette idée d'insérer des scènes de musique jouée en live dans une histoire ?

Matsuda Shinji : au départ on avait la volonté commune de filmer consciencieusement ce qu'on donnait en live aujourd'hui, tout en gardant en tête que c'était une opportunité pour faire « quelque chose de nouveau ». L'idée d'entrelacer histoire et scènes de musique était là quasiment dès le début. C'est le réalisateur qui nous a apporté ce concept, puis à partir de là nous avons tous réfléchi ensemble à laquelle de nos chansons pouvait correspondre à telle ou telle scène de l'histoire.

Kumakiri Kazuyoshi : je ne sais pas pourquoi, quand je réfléchissais à l'histoire, je me suis mis à essayer d'insérer des chansons qui pourraient révéler les sentiments. Il faut dire que, par chance, j'avais à la maison à ce moment-là leur compilation de faces B (B-SIDE THE BACK HORN). Ce qui fait que, au tout début, il n'y avait que des faces B. (rires)

Matsuda Shinji : on a dit : « celui-là ? Coach, vous n'avez pas écouté que cet album quand même ?! » (rires)

Suganami Eijun : genre : « vous voulez pas au moins rajouter les singles ? » (rires)

Kumakiri Kazuyoshi : et pourtant, c'est vraiment celui-là qui m'a donné cette hypothèse de travail en premier. (rires)

― Avant de commencer à filmer la partie histoire, vous avez tourné les scènes de musique, c'est bien ça ?

Yamada Masashi : oui c'est ça. Et vu qu'on ne pouvait pas imaginer comment notre prestation serait utilisée dans le film, il ne nous restait plus qu'à croire en ce qu'on faisait. Alors plutôt que de viser un but précis, on s'est concentré sur la chaleur qu'on pouvait dégager. Parce qu'on pensait que lorsque notre fièvre entrerait en collision avec celle du réalisateur, ça deviendrait intéressant. Dans cette partie-là, il n'y avait pas vraiment d'intentions dans ce que nous avons fait. Nous avons simplement joué en live, en y mettant toute notre ardeur.

Okamine Kohshu : mais ces lives n'étaient pas comme d'habitude. Déjà, il n'y avait pas de public. Et puis entre chaque chanson qu'on enregistrait il y avait un temps d'attente à cause des transformations qu'il fallait apporter au plateau de tournage. Ça demandait une forte capacité de concentration. La tension montait, puis aussitôt après il y avait un break. Il fallait arriver à intégrer ses changements chaque fois qu'on jouait une chanson. C'était comme si on était dans un championnat de « Assis ! Debout ! Assis ! Debout ! »... (rires)

― C'est sûr, être assis et se lever brusquement, ça donne automatiquement une forte tension, et ça c'est pas bon ! (rires)

Matsuda Shinji : et puis, sur la durée... parce que jouer environ 20 heures pour 1 jour de tournage, avec tous ces changements de rythme, ça ressemblait aussi à une course d'endurance... (rires)

Yamada Masashi : c'est sûr que ça demandait d'être bien robuste... C'était la première fois depuis de nombreuses années qu'on continuait à chanter et jouer nos chansons durant des heures, jusqu'à ce qu'on n'en soit plus capables. Vers la fin, ma voix refusait de sortir. (rires)

― Chanter 20 heures d'affilé, je comprends que vous attendiez de nombreuses années pour le refaire ! (rires) Et quelle impression ça vous a fait quand vous avez vu vos chansons entrelacées avec l'histoire ?

Matsuda Shinji : une chanson c'est une histoire en elle-même, avec sa conclusion, vous voyez ? Mais ici dans le film, où elles devaient être mélangées avec une histoire et plein d'autres choses, nos chansons semblaient curieusement exagérées, il y avait un risque de devenir trop dramatique, par exemple. C'était notre inquiétude au départ. Mais franchement, dans le résultat final l'équilibre est admirable. On ne peut pas nier le côté agréable des chansons mais d'un autre côté le film ne se repose pas sur elles, grâce à une bonne utilisation de l'association des deux. En plus, on ressent comme un courant du début à la fin. J'ai senti que ça donnait de très bonnes choses.

― Et en pratique, pour combiner les scènes d'histoire et de live, qu'est-ce qui vous a servi d'aiguillage dans la réalisation ?

Kumakiri Kazuyoshi : j'en suis venu à penser moi aussi que l'équilibre est très important. Si on ne les traite pas comme il faut, quand les chansons se terminent il y a ce risque de donner une impression de conclusion. Alors j'ai beaucoup réfléchi aux raccords entre la fin d'une chanson et le développement suivant. Par exemple « Koufuku na nakigara » a fini par devenir instrumentale avant que de monter en chorus dans le film. J'avais l'impression qu'après ce chorus tout serait irrémédiablement terminé. Du coup je leur ai demandé de changer les arrangements.

Matsuda Shinji : on a enregistré beaucoup de versions en plus de celles qui ont été utilisées dans le film. Au final c'est évidemment le réalisateur qui a été seul juge.

Kumakiri Kazuyoshi : au début j'ai suivi le scénario à la lettre, en attachant simplement histoire et vidéos live, mais j'ai dû refaire le montage encore et encore... pour être honnête au départ je me disais « mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de ça ? ». (rires)

Matsuda Shinji : vous n'aviez pas un genre de plan ? (rires)

Kumakiri Kazuyoshi : oh, si si... (rires) Mais comme j'avais fait en moyenne 2 prises chaque fois, et avec 5 caméras, il y avait énormément de rushs. C'est pour ça qu'en toute honnêteté je me suis dit « comment faire avec tout ça pour qu'il en ressorte quelque chose de bien ? ».

― Et comment avez-vous imaginé cette façon de monter, finalement ?

Kumakiri Kazuyoshi : pour commencer je voulais relier coûte que coûte les images fortes entre elles. Puis pendant que je montais j'ai eu petit à petit l'impression d'assister à un dialogue entre les membres du groupe. Et c'est devenu intéressant de réfléchir comme ça : « la guitare apparaît ici, là un peu de batterie », comme si je mettais en scène une pièce de théâtre nommée « conversation à 4 personnes ». C'est pour ça, je pense, que mes plans durent un peu plus longtemps que ce qu'on voit d'habitude sur les vidéos de live. J'obéissais à cette impression de monter un dialogue de théâtre. En tout cas pour « Akai yami » (chanson qui parle de violence et de guerre), au moins je n'ai pas eu trop de mal à la relier à la scène de bataille. (rires)

Matsuda Shinji : je pense qu'un tel montage contribue à donner l'impression qu'il n'y a qu'une seule chanson dans le film plutôt que 1 morceau, puis 1 autre, etc. Par exemple, « Gekkou » sert d'introduction, « Wana » d'interlude. Je pense qu'avec le réalisateur, nous avons créé ensemble une chanson d'1 heure 20.

― La partie histoire du film a été tourné à Vladivostok, en Russie. Pourquoi un tel choix ?

Kumakiri Kazuyoshi : en écoutant THE BACK HORN, des images de terres sauvages viennent à l'esprit, vous ne trouvez pas ? Comme je tourne souvent dans la région où je suis né, à Hokkaido, mon choix aurait pu se porter là aussi, mais en filmant à Hokkaido, j'aurais pu essayer de toutes mes forces, je n'aurais jamais pu donner une impression assez désertique ! (rires) Je crois que tout simplement les paysages Japonais ne convenaient pas à cette image. Et pile à ce moment-là j'ai entendu dire que le réalisateur Kurosawa Kiyoshi avait tourné son « Seventh Code » à Vladivostok. Savoir qu'il y avait une Commission des Films à Vladivostok qui acceptait de recevoir des films japonais (plus un système de support technique et des lieux de tournage attractifs), est-ce que ce n'était pas l'idéal ? (rires)

― Ah, voilà donc les dessous de l'histoire ! (rires) Je crois que vous avez aussi trouvé le comédien sur place ?

Kumakiri Kazuyoshi : sur place en effet. Mais le premier rôle ce n'est pas l'acteur, ce sont les musiciens. J'ai choisi cette personne pour son apparence, qui rendait bien à l'image. Si j'avais dit « je veux quelqu'un comme ça » la production aurait refusé, en me disant « un acteur comme ça, ça n'existe pas ! » (rires) En fait, il buvait en cachette pendant la journée. Pendant la scène de pluie, par exemple, il me disait avec une énergie fantastique « tout va bien, absolument, on tourne ! ». En d'autres termes je crois qu'il était soul à ce moment-là. Puis quand est venu le froid de la nuit il a fait : « je rentre ». Quelqu'un de vraiment lunatique... (rires) Mais, lorsqu'il a vu le film au dernier festival de Vladivostok, il m'a lancé joyeusement un formidable « BRAVO ! » (rires)


 ― Et vous les membres du groupe, qu'elles sont les scènes qui vous ont marqué ?

Okamine Kohshu : il n'y a pas une scène en particulier, mais lors de l'avant-première dans la salle de cinéma j'ai été formidablement absorbé. Et quand on est apparu sur l'écran j'étais étonné, genre « oh ! C'est nous qui avons fait ça ! » (rires)

Matsuda Shinji : moi, j'ai aimé ce grand-père qui tient le rôle principal, dissimulé derrière sa casquette de marin. En fait, a-t-il eu un fils ? Ce fils n'était-il pas marin ? Ça a suscité mon attention, j'ai imaginé plusieurs choses. Ensuite, on dirait que chaque trait essentiel du Japon apparaît dans cette partie. Même si c'est un pays étranger, il y quelque chose de typiquement japonais. Mais ça ne veut pas dire qu'il se dégage un sentiment de vie. Et aussi j'ai trouvé excellente cette façon de faire par mots-clefs.

Kumakiri Kazuyoshi : le tournage a eu lieu en Russie, mais pas la préparation du film. Je voulais qu'on ait ce sentiment de « je ne sais pas où c'est ». Et puis en vérité j'en avais préparé un peu plus, diverses choses, mais vu qu'on m'a arrêté au milieu, je n'ai pas pu tout faire.

― Vous avez été arrêté !?

Kumakiri Kazuyoshi : il y avait des partisans dans le s montagnes, on entendait des coups de feu pendant que je tournais un plan dans la descente. Dans les alentours il y avait aussi une base militaire, et petit à petit les soldats sont venus en visite d'observation. J'aurais compris si j'avais tourné un film à l'autre bout de la Russie, en Crimée, vu que les japonais ont critiqué la situation en Ukraine... (la Crimée, région d'Ukraine, a été annexée par la Russie, annexion non reconnue par la majeure partie de la communauté internationale, dont le Japon. Ça s'est passé en mars 2014, vraisemblablement peu de temps avant le tournage du film). Bref, ils se sont demandé si j'étais vraiment venu pour tourner un film, et on m'a traîné hors de là. (rires)

― Je vois. Vous avez eu beaucoup de soucis sur ce tournage...

Kumakiri Kazuyoshi : ouais, j'ai fini les prises de vue comme j'ai pu... (rires)

― Pour finir, j'aimerais que vous parliez des thèmes qu'aborde cette œuvre. Tout d'abord l'histoire : peut-on dire qu'elle est dérivée des paroles des chansons de THE BACK HORN ?

Kumakiri Kazuyoshi : eh bien, je n'ai pas relu toutes leurs paroles de bout en bout, mais lors d'une de nos réunions Suganami-san a dit une chose qui m'a fait forte impression : « si c'est vrai que le rock est nécessaire quand le monde est stable, alors qu'en est-il dans notre monde instable ? ». Du coup j'ai voulu exprimer cette idée que « d'un paysage qui ressemble au bout du désespoir, la musique naît une seconde fois ». C'est de là qu'est née cette histoire.

Suganami Eijun : quand le réalisateur nous a expliqué l'histoire, il nous a fait cette description : « les hommes entendent le bruit du vent, en eux-mêmes le bruit du vent se mélange à leurs sentiments, ça sonne comme une mélodie, ça devient quelque chose qui les accompagne et les guide. Je suis sûr que c'est comme ça que la musique est née ». Même quand on croit que c'était complètement fini, il y a aussi quelque chose qui débute, une nouvelle fois.


― En fait cette histoire part de « je voulais mourir, mais je n'ai pas pu mourir » et explore ce qui démarre à partir de là.

Suganami Eijun : j'aime beaucoup ce genre de réaffirmation. On croyait que c'était fini ? Au contraire, ça continue. On a commencé ce groupe en 1998 et une des grandes prédictions de Nostradamus annonçait la fin des temps pour l'année suivante. Mais ça n'a pas été la fin du tout, alors peut-être que ça durera toujours... ? (rires)

Kumakiri Kazuyoshi : j'ai fait mes débuts à la même époque, alors je comprends ça. (rires)

― Je crois que ça exprimait aussi d'une certaine façon la peur des tremblements de terre. En tout cas, « renaître », voilà un thème qui semble bien présent dans le film.

Suganami Eijun : n'y a-t-il pas quelque chose qui émerge même de ce décor dépouillé ? Justement, sur la colline où les gens se réfugiaient au moment du tremblement de terre, des tournesols étaient en fleur. Je trouve que ces moments où on ressent un commencement alors qu'on croyait la fin venue font vraiment du bien. Nous, c'est ce genre de choses qui nous motive quand on fait de la musique. Un croyance qui nous vient d'autrefois : c'est bien de percevoir l'espoir là où il est, quand il y en a. Je pense que dans ce film aussi il y a des passages qui peuvent exprimer ça.

Kumakiri Kazuyoshi : « un instant qui devient l'éternité », à la fin nous mourons, mais peut-être que nos sentiments demeurent. Je me disais qu'ensemble on pouvait arriver à représenter ce genre de chose. Pour moi, si des sentiments sont gravés dans un film, c'est déjà quelque chose.

Suganami Eijun : dans les faits, un instant devient immédiatement le passé, mais quand on joue de la musique on essaye d'une façon ou d'une autre de faire qu'il dure pour toujours. En fait, tout le monde fait ça. C'est comme prendre une photo avec son portable. Tout le monde a ce genre de désirs d'immortaliser le présent. Jusqu'à ce qu'on meure, vivre. Et même après, quelqu'un reprendra la suite, ce sentiment se poursuivra toujours dans l'avenir. C'est fini, mais ça n'a pas de fin. Triste, mais illuminé. Et j'ai l'impression que ce film est comme ça lui aussi. Pareil pour nos chansons, celles où quelqu'un meurt : je savoure ce genre d'expérience, car quand le film se termine, quand la chanson se termine, on est toujours en vie. Et puis on retourne à sa vie de tous les jours. C'est dans ces moments-là que je me sens vraiment vivant. Je crois que quelque chose peut débuter de là. On peut dire que ce film peut jouer ce genre de rôle.


“ Hikari no neiro – THE BACK HORN film – ” (le son de la lumière)  01.11.2014
(« Hikari no neiro » signifie littéralement « le ton de la lumière », mais si le mot « ton » peut désigner la teinte d'une couleur, il peut aussi désigner le timbre d'un instrument ou d'une voix, et en japonais ce mot est souvent employé pour désigner la tonalité (par exemple dans une phrase comme : un piano bien accordé). Il s'agit d'un jeu sur le sens double de ce mot, qui parle à la fois de couleur et de son. D'où mon choix de traduction par « le son de la lumière »).

- Réalisation, script, montage : Kumakiri kazuyoshi.
- Musique & apparition : THE BACK HORN.
- Distribution : Shouchiku media division, Nippan.

Chansons présentes dans le film :
■ Gekkou ■ Seimeisen ■ Sirius ■ Wana ■ Koufuku na nakigara ■ Akai yami ■
■ Black Hole Birthday ■ Koorogi no violin ■ Doko e yuku ■ Cobalt blue ■ Sinfonia ■

L'histoire, telle qu'on la trouve présentée sur la page du film : ( ici )

Quand ? Où ? Je ne sais pas, au bout du monde, la fin du monde –
En cette nuit où j'ai tout perdu, la « lumière » m'inonde, et la musique commence à jouer.

Le ciel couleur de plomb, des terres sauvages à perte de vue, des lieux désertés ―
Un vieil homme porte un regard amer sur ces terres désolées, pendant qu'il creuse un trou avec une pelle.
Pour enterrer le cadavre de sa femme, enveloppé dans une étoffe.
Une vieille photo où on peut voir un rivage et la mer aux reflets miroitants ― le pays natal de 2 enfants.
Il n'est pas capable d'enterrer cette femme qu'il a aimé.
Le clair de lune éclaire inutilement le lit.
Le bruit de l'eau, le bruit de l'herbe sèche, le chant des insectes... les sons se chevauchent.
Même le vent recommence à jouer sa mélodie dans la nuit endormie ―
C'est le début d'un voyage accompagné par le son de la lumière ―

Le trailer du film :


2 commentaires :

  1. Super ! Merci pour cette interview !

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    1. Ça m'a donné envie de le voir tout de suite. Ce sera pour plus tard.

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